BIOGRAPHIE KOLTES

1948. 9 avril : naissance à Metz. « La belle province », dira Koltès.

1958. Durant la guerre d'Algérie, il est élève-pensionnaire à l'école Saint-Clément de Metz.
Son père, officier, est absent. Le Général Massu devient, en 1960, gouverneur de Metz.
« Mon collège était en plein au milieu du quartier arabe. Comme à l'époque on faisait sauter
les cafés arabes, le quartier était fliqué jusqu'à l'os. »
1968. Premier séjour à New York. « J'ai voyagé... Tout ce que j'ai accumulé [c'est] entre 18 et 25 ans. »

1969. À 20 ans, il fuit sa ville natale, et l'ennui, pour Strasbourg. Là, il assiste à une
représentation de Médée de Sénèque mis en scène par Jorge Lavelli avec Maria Casarès.
« Un coup de foudre ! Avec Casarès... S'il y avait pas eu ça, j'aurais jamais fait de théâtre. »

1970-1973. Écrit et monte ses premières pièces : Les Amertumes (d'après Enfance de Gorki), La Marche (d'après Le Cantique des cantiques), Procès Ivre (d'après Crime et châtiment de Dostoïevski) ; ainsi que L'Héritage et Récits morts. Parallèlement, il fonde sa troupe de théâtre (le Théâtre du Quai) et devient étudiant à l'école du Théâtre national de Strasbourg que dirige Hubert Gignoux.

1973-1974. Après un voyage en URSS, il s'inscrit au parti communiste et suit les cours de
l'école du PCF. II se désengagera en 1979.

1974. II commence un roman, La Fuite à cheval très loin dans la ville. Métaphore pour
évoquer la drogue comme fuite.

1975. Tentative de suicide. Drogue. Désintoxication. Koltès s'installe à Paris.

1977. Création à Lyon de Sallinger dans une mise en scène de Bruno Boëglin. Création de La Nuit juste avant les forêts au festival d'Avignon (off) dans une mise en scène de l'auteur,
avec Yves Ferry. Moment charnière. Reniement de ses textes précédents. « Les anciennes
pièces, je ne les aime plus, je n'ai plus envie de les voir monter. »

1978-1979. Voyage en Amérique latine, puis au Nigéria et l'année suivante au Mali et en
Côte d'Ivoire.

1979. Rencontre le metteur en scène Patrice Chéreau dont il a admiré (en 1976) La Dispute. Il souhaite que celui-ci monte ses pièces. À partir de 1983, Chéreau créera au théâtre Nanterre-Amandiers la plupart de ses textes.

1981. La Comédie-Française commande une pièce à Koltès (qui deviendra Quai Ouest). Mise en scène de La Nuit... à la Comédie-Française (Petit-Odéon) par Jean-Luc Boutté avec Richard Fontana.

1983. Le théâtre Nanterre-Amandiers, dirigé par Patrice Chéreau, inaugure sa première
saison par la création de Combat de nègre et de chiens (avec Michel Piccoli et Philippe
Léotard). Quai Ouest suivra en 1986 (avec Maria Casarès, Jean-Marc Thibault, Jean-Paul
Roussillon, Catherine Hiégel, Isaach De Bankolé...).

1985. Ecriture d'un scénario (encore inédit) : Nickel Stuff, inspiré par John Travolta.

1987. Dans la solitude des champs de coton est créée par Patrice Chéreau (initialement avec Laurent Malet et Isaach De Bankolé, puis reprise fin 1987-début 1988 avec Laurent Malet et Patrice Chéreau dans le rôle du Dealer). Une nouvelle création (troisième version) sera donnée en 1995-1996 avec Pascal Greggory et Patrice Chéreau à la Manufacture des Œillets.

1988. Après avoir traduit Le Conte d'hiver de Shakespeare, Koltès écrit Le Retour au désert, pièce créée aussitôt par Patrice Chéreau au théâtre du Rond-Point à Paris (avec Jacqueline Maillan et Michel Piccoli). Succès considérable.
Koltès achève Roberto Zucco. La pièce sera créée en 1990 par Peter Stein à la Schaubühne de Berlin. Lors de la création française, en 1991, au Théâtre national populaire de Villeurbanne, une polémique naîtra. La pièce, mise en scène par Bruno Boëglin, sera
interdite à Chambéry (le vrai Roberto Succo ayant, en avril 1987, tué un agent de police
originaire de cette ville). « C'est une histoire sublime. Sublime. Et c'est un tueur... Quand on
me dira que je fais l'éloge du meurtrier, ou des choses comme ça... Parce qu'on va me le dire ! Moi je dis que c'est un tueur... exemplaire ! »

1989. Au retour d'un dernier voyage au Mexique et au Guatemala, il rentre à l'hôpital
Laennec (5 avril). Il meurt à Paris dix jours plus tard des suites du sida (15 avril). À quarante
et un ans. Il est enterré au cimetière Montmartre. « On meurt et on vit seul. C'est une
banalité... Je trouve que [la vie] est une petite chose minuscule... [C]'est la chose la plus futile ! »

Cette chronologie publiée dans le Magazine littéraire (n°395, février 2001), a été rédigée avec l'aide d'Anne-Françoise Benhamou, Yan Ciret, Cyril Desclés, François Koltès et Rostom Mesli.



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